• Lorsque nous perdons une personne qui nous est chère...

     

    Lorsque nous perdons une personne qui nous est chère, le monde… En réalité, NOTRE monde s’écroule… Nous nous sentons soudain en équilibre voire en déséquilibre sur un fil.

     

    Même si nous nous sentons totalement abattu, si notre esprit semble soudain anesthésié, mille pensées le traversent. Nous aimerions que le temps s’arrête et que les aiguilles de l’horloge reviennent en arrière… Juste quelques minutes… ou quelques heures… pour pouvoir, encore une fois, une dernière fois, dire à celui (ou celle) qui est là, pour toujours endormi, combien nous l’aimions et l’aimons, ainsi que tout ce que nous n’avons peut-être pas eu (ou pas pris) le temps de lui dire… Oui, nous aimerions appuyer sur une invisible et magique touche « Retour »… Nous savons que tout cela est impossible, mais nous nous accrochons malgré tout à cette idée.

    Remarque : Nous pensons qu’il est alors trop tard, mais, même s’il a fermé ses yeux et « s’en est allé », nous pouvons le faire. Non, il n’est pas trop tard, Il n’est jamais trop tard.

     

    Très vite, tout bascule. Nous ressentons au plus profond de notre cœur, que, plus jamais notre vie ne sera la même… puisque cette personne ne sera plus à nos côtés. D’un coup, tous nos repères, tous nos projets, tous nos rêves s’effondrent.

     

    Du mode « Vie », nous passons en mode « Survie ». Nous devenons même des étrangers dans notre vie, dans notre famille, dans notre entourage proche, lointain, professionnel… Il se peut même que nous ne souhaitions qu’une chose (incompréhensible pour les autres) : que notre vie s’arrête pour pouvoir rejoindre celui ou celle qui nous a quittés. Envahis par une peine incommensurable, nous ne sommes plus que l’ombre de nous-mêmes.

     

    La souffrance, la douleur que nous ressentons, qui dévaste tout notre être, notre cœur est indescriptible et de plus en plus envahissante. Je pense qu’elle est naturelle, normale et justifiée. Qui ne souffrirait pas devant une telle épreuve ? Qui ne ressentirait pas de la tristesse, de la colère… ? Qui ne nourrirait pas des sentiments d’incompréhension, de profonde injustice… ? Dans cette séparation subie, le temps et la vie semblent s’être figés précipitamment. Nous avons beau savoir que la mort est inévitable, nous ne sommes jamais prêts pour l’affronter. C’est une déchirure sans nom.

     

    Dans les semaines, les mois voire les années qui suivent, ce qui est également très difficile, c’est de se sentir incompris(es). Là encore, il peut y avoir différents types de comportements de la part des proches et moins proches :

    -      * Certains se sentent impuissants et ne peuvent nous aider… Très gênés, ils n’osent même pas évoquer ce décès, prononcer le prénom de la personne décédée par peur de ne savoir que dire, de raviver des blessuresSouvent ces personnes préfèrent la fuite… et font donc tout pour nous éviter.

    -      * Certains refusent carrément d’essayer de nous comprendre

    -      * D’autres encore préfèrent passer à autre chose (pour eux, la vie continue et doit continuer)… Ils ne veulent pas s’embêter avec nos problèmes, notre tristesse…

     

    Nous avons toutes et tous nos propres manières de réagir et d’agir face à de tels comportements. Souvent, nous préférons endosser un masque pour éviter les questions, d’être obligé(e)s de se justifier, d’embarrasser les autres, ou par crainte d’être jugé(e)s (car même si nous ne le sommes pas, nous nous sentons coupables de ne pouvoir parvenir à surmonter cette épreuve). Alors, nous essayons de sourire, disons que tout va bien… Mais à l’intérieur, nous pleurons et hurlons en silence. Nous attendons interminablement le moment où nous serons enfin seuls(es) pour pouvoir enfin laisser nos larmes fuser, notre colère se déchaîner…

     

    Toutes ces émotions, tous ces ressentis (normaux, je l’écris encore), il faut les accueillir, les accepter. Ce n’est qu’avec le temps que nous parviendrons à les transcender.Ce n’est qu’avec le temps aussi, que nous réussissons à nous relever et à continuer malgré tout.

     

    Plus nous avons conscience que nous freinons l’élévation de notre Ange en restant dans l’inactivité, la léthargie et plus nous retrouvons la force de nous relever et de ''repartir'' sur le chemin de notre vie.

     

    Plus nous comprenons que la mort n’est pas une fin en soi, mais qu’elle n’est qu’une renaissance de l’âme dans une autre dimension, et plus nous retrouvons l’envie de vivre.

     

    Les cicatrices demeurent, mais la douleur s’estompe (même si elle resurgit violemment à certaines périodes). Nous apprenons à l’apprivoiser. Cela demande beaucoup de temps, de force et un très gros travail d’acceptation, de résilience.

     

    Cette nouvelle vie qui devient la nôtre sans l’être aimé, sera certes très différente. La route ne sera pas facile évidemment… Il nous faudra encore surmonter de nombreux obstacles, affronter des moments de très grande tristesse... Mais, il y aura encore des moments de joie, de félicité car, tôt ou tard, le bonheur finit toujours par revenir. Il est et sera tout autre que celui que nous avions imaginé, rêvé, mais il adoucira et embellira à nouveau notre vie. Ces instants panseront nos blessures et mettront du baume à nos cœurs et nous rappelleront finalement combien la vie est précieuse mais éphémère et combien il est nécessaire de profiter de l’instant présent.

     

    Ce n’est qu’avec beaucoup de recul que je peux écrire ces lignes… Chacun(e) a sa manière de penser, de voir les choses… Chacun(e) a sa manière de se relever, de reprendre le chemin de sa vie… Il n’y a pas de formule magique pour cela… Mais si ces quelques lignes peuvent vous aider, alors tant mieux.

     

    La perte d’un être cher très aimé et la souffrance qui en découle nous conduit (avec le temps toujours) a reconsidérer beaucoup de choses. Après avoir pris beaucoup de distance, nous voyons la vie sous un tout autre angle. Nous lui donnons un nouveau sens, elle prend une nouvelle valeur. Nous nous rendons compte que beaucoup de nos pensées, de nos agissements étaient complètement erronés. Cela repose sur un travail intérieur en profondeur. Ce qui était inconscient devient conscient.

     

    Il est très fréquent également que notre vie change littéralement après : changement de voie, de travail… En quelques sortes, il y avait une vie avant, et il y a une toute autre vie après.

     

    Il y a d’autres concepts qui changent profondément en nous également comme notre capacité à écouter, comprendre et aider les autres,  à aimer, à pardonnernotre pouvoir de compassion, d’entraide, de partage… et même de création. 

     

    En quelque sorte, la perte d’un être cher, nous conduit vers la compréhension du sens de la mort et vers la reconsidération du sens de la vie.

     

    Bellara – Mars 2016

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  • Commentaires

    2
    celine
    Jeudi 26 Janvier 2023 à 16:43

    Ce fameux temps..... je te remercierai jamais assez ma Léa de m'avoir fais comprendre tellement de choses qui m'ont énormément aider lors de la perte de mon mari. Maintenant j'avance même si, comme tu le dis si bien, il y a des fois la douleur revient à certaines périodes, et avec le temps on apprends à vivre avec et surtout je sais que mon ange est la et sera toujours près de moi, un grand merci à toi d'avoir été mon ange sur terre

      • Vendredi 27 Janvier 2023 à 16:59

        Ne me remercie pas. Il faut retenir une seule chose : c'est toi qui a fait le "travail" car c'était nécessaire pour toi et pour ton Ange (il fallait juste que tu en prennes conscience).



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